Point sur les études établissant des zones d'expansions de crue en basse vallée de la canche

Description des points du débat Pour ou contre la nouvelle étude demandée par la CA2BM? Contexte: Le bon écoulement des eaux en basse vallée de la canche (Du moulin du Bacon - Montreuil sur mer à l'estuaire) est un problème identifié de longue date lors des différents épisodes de crues majeures qu'à connu le bassin versant. Durant les 10 dernières années, des études détaillées ont été menées afin d'envisager un système d'endiguement plus efficace qui éviterait l'inondation des biens et personnes. Ces études, définitivement publiées en 2018, notamment sur le site du SYMCEA qui s'assure de garantir la transparence des travaux menés, n'ont pas données suites à travaux sur la basse vallée. Lors de l'épisode de crue de novembre 2023, la CA2BM a diligenté dans l'urgence une nouvelle étude portant sur le même sujet. En février 2024, Le CHECA et l'AIHEC, respectivement collectif et association des inondés de Neuville, ainsi que le porte parole du collectif de La Calotterie, ont publiquement dénoncé la mise en oeuvre de cette nouvelle étude et remis au centre du débat public un problème majeur dans la gestion et la prévention des inondations. Cette fiche tente de faire le point sur ce débat.
Plutôt oui La récupération des zones d'expansions en basse vallée a été étudié par le laboratoire hydratec avec rigueur. Ces derniers ont fournis un travail de qualité, et il n'est pas question ici de remettre en cause le travail mené.
Cependant, ces études ne nous semblent pas suffisantes/pertinentes pour envisager de récupérer une connexion zones humides -fleuve - estuaire cohérente, suffisante pour amoindrir les inondations futures, faute d'étudier l'ensemble du système hydrique exploitable.

A ce jour, nous sommes dans l'incapacité de déterminer où mettre des digues secondaires bénéfique à tous les villages concernés en basse vallée. En effet, les études ont été commandé par les pouvoirs publiques sans prévoir d'étudier un recul des digues sur la vaste zone d'environ 600 hectares allant du pont de l'autoroute au pont rose d'Etaples. Or, ces digues de premier rang, ont plusieurs effets néfastes en partie responsable de l'inondation des habitations situées en amont, ceci jusqu'à Montreuil à minima. Elles ne protègent aucun habitat mais des champs en monoculture intensive, parfois même des pâturages dit "molières" ou "mouillères". Elles empêchent la connexion du lit majeur (lit du fleuve en cas de crue) au lit mineur (lit du fleuve en débit normal) et ralentissent donc la décrue en amont (de grenouillère à Attin-Beutin).

Par ailleurs, ces études ont été menées sur la base de critères de crues qui semblent largement sous estimées au regard des prévisions du GIEC qui avait annoncé ce type d'évènements que nous connaissons et qui vont s'aggraver pour les années à venir, toujours selon le groupement de scientifiques international.
Pour exemple, lors de l'épisode de novembre 2023, la Course a atteind des pics de crues jamais égalés depuis le début des mesures. Cela a eu pour conséquence un débordement massif des digues de la Madeleine et l'inondation brutale de la Caloterie et Attin, puis de tous les villages en aval jusque Villiers. Ensuite, les digues de premier rangs ont totalement entravé la décrue dès La Caloterie et pour tous les villages en amont de La caloterie, en empêchant le retour de l'eau dans le lit mineur jusqu'à l'estuaire (l'eau reste piégée derrière les digues). Autre problème majeur qui n'a pas été sans conséquence en février pour les habitants d'Attin, et qui ne sera pas sans potentiel graves conséquences en mars-avril: Les digues de premier rang, de l'estuaire à montreuil, enserre l'eau de la marée montante dans le lit mineur. Cela fait remonter la marée très haut en amont. Lorsque le niveau de l'eau est déjà haut à la grenouillère, chaque marée aggrave les débordements et ajoutent un peu plus d'eau à un secteur dont la pente est trop faible pour voir repartir la même quantité d'eau à marée basse. Aussi, à chaque marée, les digues de premier rang allant de l'estuaire jusqu'à Enocq-Caloterie-Beutin, ont pour conséquence d'ajouter quelques centimètres supplémentaires dans le lit majeur sur le secteur grenouillère-Attin. Et ceci ralentit de facto la décrue pour tous les villages amont dépendant de ce bouchon naturel .

Au regard de ces éléments, il semble donc davantage pertinent de se questionner en ce sens:

Pourquoi les pouvoirs publiques n'ont ils pas souhaité réaliser une étude sur l'ensemble de la basse vallée de la canche? Quels sont les enjeux de pouvoirs, les personnes influentes, les lobbys au sein des institutions, qui ont pipé les dès en provoquant la commande d'une étude partielle auprès du laboratoire?Sont-ils encore influents aujourd'hui auprès de la CA2BM? Exercent-ils encore de leur pouvoir pour freiner l'étude des vrais points de problèmes ? Toutes ces questions afin de nous assurer que cette nouvelle étude commandée au cabinet Artelia, étudiera l'ensemble du système hydrique de la basse vallée de la Canche, afin d'espérer ne pas revivre pareille situation de blocage de l'écoulement des eaux pendant plusieurs semaines.

Et, pour élargir le raisonnement, au regard des conditions climatiques nouvelles et à venir, est-il possible d'espérer une étude qui élabore des modélisations intégrant la suppression ou la modifcation des ouvrages connus pour poser des problèmes dans le bon écoulement des eaux: Bassin de décantation de la paix faite/Neuville, Route nationale, Voie Ferrée, Aéroport dont l'utilité à tous en rapport au coût payé par habitant inondé est fortement questionnable. Mais également avec des projections de différentes modalités d'urbanisation de la ville basse et de neuville qui nécessite de gros aménagements en termes d'habitats puisqu'en plein travers du lit majeur de la canche. Habitats conçus pour laisser passer l'eau quelques heures, coûts de ce type d'aménagement... Ceci afin de permettre aux habitants de se projeter dans une rue nouvelle, et de décider en conscience de l'habiter ou non. De beaux projets citoyens peuvent émerger...
Plutôt non Le président de l'association du haut estuaire de la Canche ainsi que le porte parole du collectif de La Caloterie ont pris publiquement position contre la mise en oeuvre de cette étude, sur différents médias (réseaux sociaux, interview WEO). Ces derniers interrogent les pouvoirs publics sur le bien fondée d'une nouvelle étude, onéreuse, quand plusieurs études ont déjà été menées auparavant. Dans leur prise de position, ils fustigent l'absence de mise en oeuvre des solutions proposées au terme de l'étude Hydratec réalisée en 2016-2018. En effet, l'étude Hydratec (cf liens + docs) a modélisé plusieurs scénarios permettant d'envisager de récupérer différentes zones d'expansions de crues, entre la grenbouillère et la Caloterie. L'AIHEC, le CHECA, estime donc que ces études sont suffisantes pour engager des travaux et réclament que ces derniers soient mis en oeuvres le plus tôt possible. Ils réclament donc également l'abandon de la nouvelle étude dilligentée.
Actions proposées Pour les uns:
  • Abandon de l'étude en cours débutée en février 24
- Mise en oeuvre des préconisations du cabinet Hydratec 2018. (A compléter: quels scénarios retenus parmi les différentes modélisations?, quels habitants sauvés au prix de quel autre?, lesquels restent, lesquels non: modalités de décisions?)
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Pour les autres:
  • Demande de publication du cahier des charges remis à l'opérateur Artelia: zones a étudier, conditions et critères de modélisations etc... si déjà défini
  • Inclure dans la recherche la modélisation avec supressions des digues de premiers rangs sur le secteur allant des champs neufs en amont de la caloterie, jusqu'au pont rose d'Etaples avec cette fois un réél recul des digues au plus près des habitats de Caloterie - Valencendre - Villiers
  • Inclure dans la recherche la modélisation avec suppression ou modification des ouvrages connus pour être problématiques: bassins de décantation de la sucrerie, voie ferrée, route nationale de la paix faite
  • Inclure dans la recherche la modélisation avec différents types d'architecture des quartiers construit en travers du lit majeur de la canche: Rue de Montreuil rue St Gengoult à la ville basse, chemin de la liberté et rues connexes de la caloterie. (idem en amont à Brimeux)
  • Participation d'une délégation de la population aux réunions de pilotage, a minima séance publique avec non participation.
  • Publication des Comptes-rendus de réunion systématiques et dans des délais raisonnables.
  • Au niveau législatif: Demander une révision rapide de la loi instaurant les critères d'études et d'analyse coût-bénéfice, qui s'avère problématique en milieu rural et ne prennent pas en considération des niveaux de crues assez élevées au regard des prévisions du GIEC.

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