Rôle du curage des canaux et fossés

Description des points du débat "Par curage, on a entendu couramment « des actions d’enlèvement de sédiment, voire de
creusement ou d’élargissement du lit d’un cours d’eau », alors que le terme exact serait, dans ce
cas, plutôt recalibrage. Le curage d’un cours d’eau n’est justifié que pour l’enlèvement des
atterrissements, cette action consistant à débarrasser du lit d’un cours d’eau les éléments
(sédiments, roches, débris végétaux importants, etc.) qui sont à la fois affleurants et gênants pour
l’écoulement de l’eau.

Dans tous les cas, ce type d’interventions mérite d’être réalisé de manière organisée entre l’amont
et l’aval, comme cela a été rappelé dès fin 2023 par circulaire préfectorale. En effet, dès lors qu’on
va au-delà-de l’entretien, elles peuvent avoir des effets négatifs, par exemple en accélérant
l’érosion de berges, ou en reportant l’inondation sur des zones situées en amont ou en aval selon
la configuration du cours d’eau"
Source : Rapport de la mission d'appui au préfet de la région des Hauts-de-France pour renforcer la résilience des territoires touchés par des inondations
Plutôt oui En zones artificialisées : Il faut curer les canaux et les fossés, ouvrages artificiels, pour permettre à l'eau de s'évacuer vers la mer. - Francis Meilliez. Source Le monde

Attention, besoin de faire des sonar pour comprendre les niveaux d'eau.(Pas forcément, les fonds sont observables par différentes techniques empiriques. Beaucoup d'habitants et usagers de la rivière connaissent parfaitement les hauts fonds et bas fonds, fosses ou radiers. La coopération de chacun de ces acteurs et la mise en commun de leurs connaissances permettraient d'obtenir des informations fiables et bien moins coûteuses ). Les profondeurs de la Canche sont très disparates (Le Symcea dispose d'un sonar de la Canche). A la confluence de la Dordonne/canche par exemple, on observe au sonar peu de fond alors qu'avant ou après il y en a beaucoup. Il faut dès lors s'interoger sur la cause de cette accumulation de sédiment à cet endroit. La Dordonne, durant tous les pics de pluies, déversent des torrents de boues marrons, issus de champs à nus sans haies (culture intensive et récolte tardive) sur les plateaux qui surplombent tout le linéaire de la rivière. Dès Cormont, puis dans tous les villages en aval, la boue dévale. A la confluence, ce torrent vient se heurter à une digue érigée pour les besoins, là encore, de l'agriculture intensive. En effet, elle sert à éviter l'invasion de la marée lors des forts coeficients, la limite de salinisation se trouvant peu ou proue à cet endroit. (Le sel est incompatible avec betteraves, le maïs etc.) Cette digue barre la zone d'expansion naturelle de la Dordonne vers les bas champs. C'est à cet endroit que le limon (qui serait en bien moindre quantité si nos plateaux étaient cultivés de manière appropriée) devrait s'étaler, et alimenter ainsi la pâture dîtes "mouillère" d'un engrais naturel propice aux paturages verdoyant du printemps. Au lieu de cela, la boue s'accumule donc à la confluence de la rivière et du fleuve, dans le lit de la canche, sur une cinquantaine de mètre. Retirer la digue, la reculer, étudier les possibilités d'agricultures respectueuses des zones d'expansion apparaît dès lors être une piste d'action bien plus pertinente qu'un curage couteux et inexorablement répété après chaque hiver.

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Mais la pratique n’est pas à bannir : les experts insistent sur la nécessité de curer les cours d’eau au cas par cas, selon les régions. Ce sont surtout les cours d'eau très articialisés qui sont concernés, ou situés sur des bassins versant non abrupte.

Par exemple, Jean-Marie Aversenq, directeur du syndicat mixte des rivières de l’Aude (Smmar), compare l’arc méditerranéen au Pas-de-Calais : « Dans notre cas, le curage n’est pas pertinent car nous sommes soumis à des épisodes pluvieux intenses, avec des cumuls sur des temps très courts. Toute la stratégie de protection consiste à ralentir les écoulements, alors que curer des rivières accélère ces écoulements », dit-il.

A partir de cet exemple, on peut émettre l'hypothèse que le courant ressentit davantage lors du second épisode de crue (début 2024) dans les rues St Gengoult et à Neuville, soit directement la conséquence des nombreux travaux opérés sur le canal Bouret, La Nocq, La Canche sur tout le linéaire de Brimeux à Beutin etc... entre mi-novembre 23 et mi-décembre 23. (Retraits d'embacles, de peupliers, restauration de digues du canal, légère ouverture de la voie ferrée libérant le canal bouret etc...) Si l'on peut considérer cette accélération des courants comme un gain de temps pour la décrue, c'est sans prendre en compte les ralentissements naturels, par exemple de la grenouillère à Attin, où la pente de la Canche est faible. De plus, l'ensemble des drains (nocqs, canal, fossés, rejets des bassins de décantation tereos) se trouvant entre le bacon et le bac d'attin, l'eau s'y accumule et menace davantage les villages de la Madeleine, La Caloterie et Attin. Ce n'est qu'à partir de Beutin que La Canche reprend du débit. Aussi tenter de vider le secteur Brimeux Montreuil plus vite en curant les fossés n'apparaît pas efficient. La décrue n'est pas plus rapide et le risque pour l'aval est plus grand. Attention plusieurs facteurs entrent en jeu... Explications non exhaustive.

« Les inondations dans le nord de la France sont des inondations dites ‘de plaine’avec une durée de submersion beaucoup plus lente. L’eau monte plus lentement, mais reste aussi beaucoup plus longtemps, donc le curage des rivières peut être une opportunité pour vidanger plus rapidement les zones inondées », estime-t-il. Localement, plusieurs canaux du Pas-de-Calais sont d’ailleurs régulièrement curés par les Voies navigables de France."
Source : https://www.sudouest.fr/environnement/meteo/intemperies/inondations-le-curage-des-cours-d-eau-une-fausse-bonne-idee-18032432.php
Plutôt non Attention aux idées reçues. Curer peut aussi être pire que mieux, selon où, quand et comment c'est fait. Si en zone artificialisée, ça peut faire sens, ailleurs, la nature sait aussi très bien faire les choses, comme l'explique cette vidéo :

"Agnès Boutel, directrice du SmageAa (le syndicat mixte qui gère les milieux aquatiques de l'Aa et ses affluents, entre Coulomby et Watten), distingue :
- les opérations pertinentes dans les zones pentues de la région, "où le curage se fait naturellement, avec la pente",
- les zones les plus plates, où la situation se complique en cas d'inondations.
"Souvent, les gens ont l'impression qu'en retirant les sédiments, on permettra à de plus grands volumes d'eau de s'écouler, mais ce n'est pas le cas", insiste-t-elle.

Pour mieux comprendre cela, Francis Meilliez (géologue, professeur émérite à l'université de Lille et directeur de la Société géologique du Nord), propose "cette expérience que font tous les gamins sur la plage" : "Vous faites d'abord un trou pour faire couler de l'eau. Si vous voulez approfondir ce trou, vous verrez que cela va réactiver l'érosion en amont" et ainsi aggraver le problème, poursuit-il.

  • "Les agriculteurs qui voient les cours d'eau en crue sur leurs terres pensent qu'il faut approfondir le lit pour que l'eau qui déborde latéralement reste contenue. Cela peut paraître logique, mais il suffit d'observer pour comprendre que ça ne marche pas comme ça."
D'autant que "ne faire que curer, cela n'a pas de sens. C'est sans fin", continue Agnès Boutel.
Du moins, tant que les sols agricoles alentour seront incapables de mieux retenir les sédiments.
"Nous travaillons avec des agriculteurs pour limiter l'érosion et le ruissellement des sols, et garder les limons sur les parcelles agricoles", explique-t-elle. "Ces dernières années, on a implanté dans le secteur de l'Aa 26 km de haies et de fascines [des sortes de palissades de bois basses faites de fagots maintenus par des pieux] en limite de parcelles pour freiner les ruissellements et retenir les sédiments. Mais il en faudrait peut-être dix fois plus."

Source : https://www.francetvinfo.fr/vrai-ou-fake/vrai-ou-faux-crues-dans-le-pas-de-calais-curer-les-cours-d-eau-permettrait-il-d-eviter-les-inondations_6294423.html

Actions proposées Bien étudier chaque situations en la replaçant dans le bassin versant, et en tenant compte des phénomènes de remontées de nappe, pour déterminer quelles solutions sont à adapter en fonction du contexte et des enjeux.

Comprendre ce qui cause l'arrivée des sédiments, leur éventuelle stagnation et leur évolution dans le temps.
par exemple :
  • Pourquoi l'eau est elle plus boueuse qu'autrefois ?
  • (cette boue sédimente et envase les zones où le courant ralenti)
  • dans certaines zones, la Canche est naturellement très profonde.
  • curer partout ou trop curer peut être facteur d'érosion régressive (un phénomène autoentretenu).

Réfléchir aux impacts immédiats et différés, locaux et globaux d'un curage inutile, mal fait, ou excessif
(ex : chasser l'eau trop vite, c'est à la fois aggraver le risque d'inondation en aval, et à la fois aggraver le risque futur de sécheresse (si on n'a pas laissé à l'eau le temps de percoler vers la nappe)

=> il faut donc anticiper, et se donner les moyens d'éviter/réduire/compenser d'éventuels impacts négatifs (qu'ils soient hydrauliques, sédimentologiques, paysagers et écologiques .. ou sanitaires, ...sanitaires car les sédiments vaseux, sont pauvres en oxygène, et peu exposés aux Ultra-violets du soleil (UV désinfectants), car l'eau est de plus en plus opaque de l'automne au printemps ; cette situation est très propice aux microbes pathogènes. Ces microbes viennent des eaux usées mal épurées, et parfois d'épandages de purin et/ou de lisiers lessivés par des pluies ou pratiqués trop près d'un fossé ou cours d'eau, de cadavres animaux, etc.)

=> attention aux effets d'artificialisation. On a dans les flandres après la vague de remembrement des années 1970 une tendance aux curages fréquents et faits à la pelle à godet (qui par son poids tasse les berges et parfois provoque des éboulements). Pour que toutes les berges soient accessibles on a eu tendance à couper les arbres qui traditionnellement (saules têtards, peupliers et autrefois ormes), qui formaient des ripisylves qui fournissaient du bois et de l'ombre au bétail, et dont les racines fixaient les talus et berges... Les racines de ces arbres décolmataient les sols argileux et limoneux en facilitant la lente percolation de l'eau vers la nappe ou le sol.

=> Ex : attention à la tendance à chenaliser les cours d'eau (un cours d'eau chenalisé est moins long qu'un cours d'eau naturel à méandres, et il contient donc moins d'eau, qui s'écoulera en outre plus vite).
Les cours d'eau naturel s'auto-entretiennent.
Et si leurs berges et abords sont largement enherbés, leur eau sera claire (c'est à dire sans sédiments) presque toute l'année. Un autocurage du cours d'eau a alors lieu.

=> réfléchir aussi au devenir des "boues de curage". En effet, dans nos régions, elles ont très souvent fixé et concentré la majeure partie des pesticides, métaux lourds, métalloïdes, PCB et autres polluants véhiculés par l'eau (polluants principalement apportés par le ruissellement sur les champs, les routes, les sols industriels et autres zones artificialisées, issus d'eaux domestiques et industrielles insufisemment épurées).
Retrouverons nous ces boues et/ou leurs polluants dans le cours d'eau après les prochaines fortes pluies ? ou pire, dans la nappe phréatique ?)

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